Au Québec, la mise en œuvre de la politique d’adaptation scolaire (MEQ, 1999) a révélé des contradictions en matière de justice scolaire. Les élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation et d’apprentissage (EHDAA) présentent des taux de diplomation nettement inférieurs à ceux des autres élèves, et font face à un risque accru d’échec et de décrochage (MEES, 2020). Notre recherche analyse la mise en œuvre de cette politique sous l’optique de l’analyse cognitive des politiques publiques (Muller, 2013) et du cognitive framework de Spillane et al. (2002) sur la construction du sens. Nous cherchons à comprendre comment les intervenants scolaires interprètent et traduisent cette politique dans leurs pratiques. Une étude de cas a été réalisée dans deux écoles secondaires de Montréal, une publique et une privée. Trente entretiens semi-dirigés ont été menés avec les professionnels impliqués dans l’intégration et l’adaptation scolaires, complétés par une analyse des documents officiels des établissements. À l’aide d’un codage inductif-déductif et de l’analyse thématique (Paillé et Mucchielli, 2016), les principaux thèmes ont été identifiés. Les résultats préliminaires montrent un discours contradictoire sur l’inclusion, imprégné de principes de normalisation et de capacitisme. Par ailleurs, des lacunes organisationnelles ont été relevées, notamment dans la répartition des responsabilités et dans la définition des tâches des intervenants.