Préserver l’autonomie enseignante à l’heure de la datafication : quelques éléments pour une culture critique des données en éducation

Colloque du CRIFPE
Communication orale
Thème(s)
Les aspects politique de l’éducation et enjeux de justice scolaire, La gestion scolaire et la gouvernance, Le travail enseignant en temps de précarisation des ressources et Le bien-être chez les enseignants
Symposium
Résumé
Certains chercheurs arguent que la profession enseignante n’a plus de la profession que le titre. Les injonctions et les prescriptions formelles et informelles faites aux personnes enseignantes semblent en effet avoir pour visée de réduire leur autonomie quitte à miser davantage sur le paradigme de la « parole embauchée » (hired speech) que sur celui de la pratique raisonnée (Maxwell, McDonough et Waddington, 2020). Cette communication revient sur certaines caractéristiques de la datafication de la pratique enseignante (données probantes, gestion axée sur les résultats, etc.) en soulignant les processus nécessairement politiques et idéologiques liés à la quantification des phénomènes humains. Sans chercher à nous extraire du contexte actuel faisant une place de plus en plus importante à ce phénomène de datafication, nous cherchons à identifier comment, et à quelles conditions, il est possible d’espérer contribuer à l’agentivité des acteur·rices de l’éducation. Nous proposerons en ce sens quelques éléments d’une éthique des données ou d’une culture critique des données en éducation. Enfin, empruntant à certaines réflexions récentes quant à la « voix masculine » centrée sur l’efficacité que prend l’intelligence artificielle (Jackson, 2024 ; Sidorkin, 2024), nous nous questionnerons sur les effets qu’elle pourrait avoir sur une profession déjà si peu valorisée.
Auteur.e.s
Charles-Antoine Bachand
Université du Québec en Outaouais | CRIFPE - Canada

Charles-Antoine Bachand, Ph. D. est professeur au département des sciences de l’éducation de l’Université du Québec en Outaouais (UQO) et chercheur au Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante (CRIFPE). Il enseigne l’histoire de l’éducation, la philosophie de l’éducation ainsi que la méthodologie de recherche. Ses travaux de recherche portent sur les fondements et sur les pratiques de l’éducation à la citoyenneté à visée émancipatrice en Anthropocène. S’inscrivant dans la tradition des sciences critiques, il explore les habiletés citoyennes que développent ou entretiennent les curriculums de formation. Il porte également son regard sur les pratiques pédagogiques en enseignement supérieur et dans le domaine de l’éducation populaire. De 2022 à 2024, avec des collègues de 5 universités du Québec, il a codirigé le projet inédit Mettre en place des enseignements et des formations aux enjeux de l’environnement et du développement durable pour les futur·es enseignant·es.

Stéphanie Demers
Université du Québec en Outaouais - Canada

Stéphanie Demers est doyenne des études à l’Université de l’Université du Québec en Outaouais. Elle a été directrice du Centre de soutien et d’innovation pédagogique de l’UQO. Elle et professeure en fondements de l’éducation au Département des sciences de l’éducation de l’Université du Québec en Outaouais de 2011à 2021. Elle a enseigné les cours d’histoire et théorie de l’éducation et de fondements et théories de l’apprentissage aux 1e et 2e cycles. Ses intérêts et travaux de recherche sont ancrées dans la pédagogie critique et portent sur l’agentivité des personnes dans les cultures et pratiques éducatives, la (re)construction sociale des rapports de pouvoir en éducation, la prise en compte des injustices face aux savoirs et au contexte de leur production.

Séance
C-J503
Heure
2025-05-01 16 h 15
Durée
25 minutes
Salle
À venir