Derrière le profilage du risque de décrochage d’élèves au secondaire : la gouvernementalité algorithmique et l'identité professionnelle des acteurs techniques
Colloque du CRIFPE
Communication orale
Thème(s)
La gestion scolaire et la gouvernance, L’IA en éducation et L’éthique à l’ère de l’intelligence artificielle
Symposium
Résumé
Cette communication cible l’intelligence artificielle (IA) qui identifie les élèves à risque de décrochage scolaire. Depuis plusieurs années, des investissements ont été réalisés pour intégrer des tableaux de bord et des algorithmes prédictifs dans l’éducation au Québec (Gouvernement du Québec, 2018). Suivant Rouvroy et Berns (2013), cette tendance s’inscrit dans la gouvernementalité algorithmique. Celle-ci désigne l’utilisation des données pour anticiper les comportements sans intervention humaine apparente. Les décisions semblent objectives, mais elles déplacent la responsabilité de certains choix vers l’IA, invisibilisant l’intervention humaine. Les études critiques invitent à rompre avec l’illusion d’une gestion neutre basée sur les données (Feeneberg, 2014). Des acteurs techniques interviennent dans la conception et la gestion de tout système. Ceux-ci, qualifiés de « professionnels de l’ombre » (Lewis et Hartong, 2022), influencent indirectement les pratiques pédagogiques par leur identité professionnelle, bien que cela reste peu étudié. Comme premier objectif, cette communication vise à contextualiser en éducation la théorie politique de la gouvernementalité algorithmique. Un deuxième objectif consiste à formuler des pistes de recherche pour rompre avec la gouvernementalité algorithmique, et ce, en étudiant l’identité professionnelle (Dubar, 2010). La démarche entend révéler les tensions éthiques et subjectives qui sous-tendent l’activité des acteurs techniques lorsqu’ils conçoivent, testent et gèrent un algorithme prédictif.
Auteur.e.s
Université du Québec à Montréal - Canada
Charles Bourgeois est docteur en éducation (PhD) et chargé de cours à l'université de Sherbrooke. Vice-président du Centre pour l'intelligence émotionnelle en ligne (Le CIEL), il s'intéresse aux questions de bien-être numérique et d'autorégulation avec les écrans chez les jeunes. Au postdoctorat à l'UQAM, ses travaux s'orientent également vers la gouvernementalité algorithmique.
Séance
C-J403
Heure
2025-05-01 14 h 25
Durée
25 minutes
Salle
À venir